Un plus vieux...
La légende raconte qu'au coeur des montagnes, loin au nord du dernier royaume humain, là où ne passaient que les voyageurs les plus téméraires, les commercants les plus fous, et tous ces gens assez hardis pour entretenir des relations avec les mysterieuses créatures du pôle, se logeait une florissante vallée. Une si belle vallée, en aval de la seule route de la régions, qu'elle fut bientôt connue de tous. Quiconque l'avait aperçu ne pouvait l'oublier.
Ainsi donc, grâce aux récits de ces téméraires voyageurs, relayés de taverne en taverne, le royaume entier était persuadé de bien la connaître. Et pourtant, nul n'y était jamais descendu. Alors, qui a posé ce récit sur un bout de parchemin ? Je l'ignore. Mais peu importe. Une légende est une légende parce qu'elle est belle et incertaine.
Dans cette vallée coulait un de ces torrents de montagne, à l'eau claire, limpide, vivace. Dans cette vallée, les arbres les plus grands et les plus majestueux était foison. Dans cette vallée, les animaux sauvages trouvaient un abri sûr et paisible.
Un esprit veillait au bon fonctionnement de cette vallée. Il s'appellait Schlakaz, protecteur de la nature, et de ce petit paradis qu'il était fier d'avoir créé de ses mains.
Plus à l'est, vivait Gunbaï. Où exactement ? Probablement dans un royaume trop terrifiant pour que quelqu'un s'en soit jamais approché. Et d'ailleurs, Gunbaï passait le plus clair de son temps, avec ses serviteurs, à ravager les régions environnantes, frappant partout où il y avait à tuer ou brûler, à dos des créatures les plus diverses, mais toujours rapides.
Inutile de préciser que Gunbaï et Schlakaz avaient du mal à s'entendre. A vrai dire, le havre de paix du second était un véritable affront pour le premier. Ainsi, il passait régulièrement pour tout assécher et brûler. Et une fois passé, Schlakaz reconstruisait, faisant rejaillir l'eau, renaître les vieux chênes. Un combat qui aurait promis d'être éternel. Et pourtant...
C'est Schlakaz qui se perdit lui-même. Lui qui avait toujours rêvé d'être père,a avait pris l'habitude de prendre l'apparence d'un enfant. Au début, ce n'était qu'une image, tout aussi immatérielle que sa forme volatile habituelle. Mais cela ne lui suffisait pas, il ne voulait pas être un esprit ressemblant à un enfant, il voulait être un enfant.
Alors il s'exerça, pour être toujours plus vivant, plus matériel.
Or un jour, un jour qu'il réussit à se sentir vraiment comme un enfant, à être presque un enfant, un jour qu'il se promenait le long de la rivière, Gunbaï repassa avec ses féroces acolytes. Schlakaz, tout à son plaisir d'avoir réussi sa "transformation", ne vit pas venir les cavaliers. Voyant un enfant à tuer, Gunbaï n'hésita pas une seconde, et lui trancha la tête d'un coup d'épée. Après quoi, ils asséchèrent la rivère, brûlèrent la forêt, et s'en retournèrent. Comme à chaque fois.
Mais cette fois-ci, les arbres ne repoussèrent pas. Et les humains de se rendre compte des dégats. Depuis lors, l'on trouve à cet endroit sur une carte la mention "Vallée de Cendre".